La revue trimestrielle du Gsara


Interview

« Comment allez-vous ? », un projet radio éclectique et citoyen

Pierre VangrootloonOptiques n°5 – automne 2024


Le GSARA Tournai a proposé une série d’émissions radio, visibles sur la plateforme Twitch, durant la première semaine de juillet.

Sur base de thématiques variées telles que la solitude ou les jeux de société/jeux vidéo, l’équipe de participants du Bric-à-Brac a dégagé un programme de cinq émissions en direct constituées de débats, de sujets enregistrés, et d’invités en direct.

Le groupe a installé un studio dans une cellule commerciale dans le piétonnier de Tournai. Le but était d’être visible et de créer des rencontres. Damien Seynave qui a encadré ce projet alliant créativité, engagement et échange nous détaille les motivations et les méthodes qui ont animé la mise en ondes de « Comment allez-vous ? ».

Comment est née l’idée de « Comment allez-vous ? » ?
L’idée est née il y a déjà deux ans, on voulait se lancer sur un projet de talk-show. Mais nous avions rencontré des difficultés à capter un public fragilisé, confronté notamment à des difficultés cognitives. Il leur était compliqué de lâcher prise par rapport à leurs notes écrites. Cela donnait un résultat assez terne, pas assez vivant, bref, ça ne fonctionnait pas. Après une pause, nous avons réévalué le concept et décidé de le revisiter. En me nourrissant des formations de Diego Certuche et des productions radio de Thibault Coeckelberghs du GSARA, j’ai réaménagé le format pour le rendre plus attractif et interactif, en permettant des échanges sans dépendre de textes écrits. On s’y est attaqué l’hiver dernier.

Quelle méthodologie a été mise en place pour construire le processus de création du projet ?
Chaque participant a proposé un sujet, ce qui a donné naissance à une émission quotidienne. Nous avons cherché à aborder des thèmes variés, en nous appuyant sur les préoccupations du public. Cela a permis de construire un contenu riche, tout en favorisant des interactions authentiques. En reprenant les questions de base du journalisme (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi?), nous avons construit et creusé nos sujets.

Comment les thématiques ont-elles été sélectionnées ?
Les choix de thématiques ont émergé des discussions avec les participants. Nous avons voulu aborder des sujets qui touchent le public. Par exemple, si l’on se focalise sur la thématique de la solitude, on en a déterminé deux formes : la solitude subie et celle qui est choisie. Les sous-thèmes varient donc énormément, entre l’isolement social ou l’agoraphobie et la volonté, le besoin de d’être seul dans le cadre d’un projet créatif, artistique. L’idée était de créer un espace où chacun pouvait exprimer librement ses arguments et procédé à la déconstruction de certains préjugés, notamment sur les jeux vidéo.

Pourquoi avoir opté pour un projet hybride entre Twitch et la radio ?
Nous avons choisi ce format hybride pour créer une vitrine interactive qui permet d’élargir notre audience. L’idée était de toucher un maximum de personnes, même dans des lieux moins fréquentés. Cela a aussi favorisé l’engagement de la communauté et permis des échanges en direct. Techniquement, c’est vrai que cela constituait un fameux défi car il fallait veiller à différents aspects simultanément (prise de son, choix de la caméra, et gestion du direct).

Derrière cet atelier multimédia, il y aussi l’idée de donner la parole à des citoyens peu voire pas écoutés au sein de la société. Un prérequis essentiel au moment de lancer ces ateliers ?
Il est essentiel de créer un espace d’expression pour ceux qui ne se sentent pas écoutés. Nous cherchons à aller au-delà des formats traditionnels en apportant une perspective différente sur les sujets d’actualité, tout en encourageant une réflexion critique. Si l’on prend un média local comme NoTélé, les sujets sont abordés de manière très terre-à-terre, attention ce n’est pas une critique. Mais du coup, quand on s’empare d’un sujet déjà traité par ce média régional, on va réfléchir à amener une approche différente, un axe intéressant et original et éviter de tomber dans du formatage, c’est cela aussi que l’on veut proposer via notre expertise en éducation aux médias, afin de donner à nos publics des outils pour (dé)construire l’info, se forger un avis critique et prendre du recul sur la manière dont on digère l’information.

Cette initiative illustre l’importance de l’Éducation permanente dans ses missions d’accompagnement et d’apprentissage par « l’action ».
Biensur, mais cela implique d’être attentif aux limites de chacun tout en favorisant leur autonomie dans la création. Vu l’engouement du groupa autour du média « radio », j’initie des tours de table, je recherche avec eux ce qu’on pourrait créer collectivement. Mon rôle, c’est surtout d’être le gardien des possibles, et de garder ce qui est faisable. On ne peut pas être spécialiste dans tout, l’idée est donc de trouver des gens qui peuvent nous apprendre des choses, nous donner un éclairage supplémentaire et révéler des contradictions sur un sujet.

Comment évaluer l’impact de ce dernier challenge ?
Ce projet a ouvert la voie à de nouvelles initiatives. Une émission en direct sera proposée le 25 octobre à la Maison des associations de Tournai (Ndlr : plus d’infos ci-dessous) , ce qui permettra de renforcer d’aborder des thèmes culturels actuels. L’idée est de continuer à évoluer en fonction des retours et des envies des participants.

Plus d’infos en cliquant sur l’image.

Retrouvez toutes les infos sur cet atelier médias et les émissions à écouter ici

Pierre Vangrootloon

Chargé de Communication