Focus
Nouvelle formation « Médias sociaux » au GSARA Bruxelles
Rencontre avec Sara Dequin et Pauline Gaudoux, créatrices du programme et formatrices.
Médias Mania
Le 6 septembre dernier, l’équipe du GSARA Bruxelles a célébré sa rentrée en grande pompe autour d’une exposition baptisée Médias Mania. Durant une petite semaine, la boutique culturelle d’Anderlecht a présenté une installation rétrospective des activités de la régionale de Bruxelles (formations radio, ateliers médias, jurys-citoyens…), une écoute libre des contenus sonores élaborés lors des ateliers médias, une projection des contenus de notre campagne de sensibilisation 2023 autour du marketing d’influence en Belgique, une exposition de l’artiste Philomène Parmentier (dont le travail questionne les médias sociaux et leur impact sur « l’image de soi » ). Mais surtout, Médias Mania a informé quant au nouveau module de formation du GSARA pour une utilisation raisonnée et critique des médias sociaux. Suite au lancement de cette formation, active depuis l’été, nous avons discuté avec Pauline Gaudoux, nouvelle responsable de la régionale de Bruxelles et Sara Dequin, en charge de l’élaboration du programme, pour revenir sur leurs objectifs, leur point de vue critique ou les réflexions qu’elles développent auprès de leurs publics.
Deux modules
La formation se décline en deux modules distincts : les fondamentaux et l’accompagnement ciblé. « Les fondamentaux » donnent un aperçu de ce qu’est un média social, quel type d’outils existe, à quoi servent-ils, quels sont les impacts, l’historique… Une sorte de cours interactif, basé sur des études de cas. En ce qui concerne le deuxième module, « accompagnement ciblé », il s’agit de répondre à un besoin réel d’aide et d’accompagnement pour développer un usage des réseaux sociaux pour rendre visible et communiquer autour d’un projet. L’un des buts est de s’approprier facilement des outils adéquats, sans recourir au concours onéreux d’un community manager.
Sara détaille : « J’ai mis en place plein de petits outils qui sont personnalisables, notamment des sortes de cartes d’identité, comment définir sa « persona » (public cible), faire un calendrier éditorial etc… Moi, j’aide l’équipe ou la personne à devenir autonomes avec leur com’. J’ai des outils pour faciliter la tâche, enlever un poids et permettre de s’amuser avec ça. On peut vraiment prendre du plaisir et s’amuser sur les médias sociaux. » Cette formation s’accomplit en deux journées et l’équipe du GSARA propose un 3e rendez-vous quelques semaines plus tard afin de constater si les outils ont été bien appropriés par les participants.
Persona
Les modes, codes, coutumes et techniques des médias sociaux évoluant à une vitesse défiant l’entendement, on peut s’interroger sur la pérennité d’une telle formation. Les créatrices du programme en sont conscientes : « Tout change, tout le temps, il faut être à l’affût et recalibrer en permanence. C’est intéressant, mais il faut s’accrocher. C’est pour ça que les outils que nous avons mis en place sont assez fixes. D’autre part, une persona, c’est toujours le même mécanisme pour la définir, ce sera toujours la même chose. » La persona, c’est donc le portrait-robot du public cible, que les participants sont invités à imaginer lors de leur formation. Ils en établissent une sorte de fiche d’identité, en imaginant une somme de paramètres possibles, incongruités bienvenues : « Si je vends des chaussettes en alpaga, je vise les gens qui ont froid aux pieds et qui aiment les chaussettes colorées. Si je fais un commerce local, je cible les bruxellois. En fonction de ce profil, je pourrai déterminer quel type de média ils utilisent. S’ils ont entre 12 et 15 ans, je vais les trouver sur TikTok, s’ils sont plus âgés, je les trouverai sur Facebook, si je cherche des bénévoles ou des gens engagés, je les trouverai sur LinkedIn. »
Créativité
Le regard porté sur les réseaux sociaux et leur utilisation est donc étonnement positif, et tourné vers une appropriation ludique et créative : « Visuellement, on voit beaucoup de créativité. On sait les contraintes, les modes imposées par les réseaux sociaux peuvent stimuler l’imagination de ceux qui se les approprient. Aujourd’hui, des gens créent des vidéos de 30 secondes en stop motion avec des bouts de papier qui impriment la rétine… Ce sont des outils qui poussent à être créatifs pour se démarquer. Les médias sociaux ont des logiciels déjà intégrés et tu peux maintenant créer de la vidéo sans aucun logiciel sur ton ordinateur, sans aucune formation de montage vidéo, c’est accessible à tous. ». Pour les travailleuses du GSARA, l’uniformisation, la loi des codes, est un problème plus de fond que de forme. Les utilisateurs des médias sociaux seraient beaucoup plus soumis aux trends, aux tendances de fond, qu’aux codes formels. Finalement, le sujet, la trend, serait commune, soumise à des vents changeants et contradictoires, l’important restant la façon dont l’utilisateur se l’appropriera. Le sujet en vogue sera donc traité différemment selon l’identité de l’utilisateur, de manière humoristique par les uns, didactique par les autres.
Dédramatiser
En amont de sa participation, le public de la formation remplit un questionnaire élaboré par Pauline et Sara. L’objectif est d’ajuster le programme à venir en fonction du niveau de connaissance des participants, mais aussi de connaître à l’avance quelles sont leurs inquiétudes quant à leur utilisation future des médias sociaux. En effet, si le premier objectif de la formation est d’outiller, les formatrices souhaitent aussi éveiller, mettre en garde, affûter l’esprit critique, dans l’esprit de la mission d’éducation aux médias portée par le GSARA : « Les fake-news, l’addiction aux écrans, les ravages sur l’image de soi, les bulles d’influence sont des choses que nous abordons. Ceci dit, nous n’avons pas envie de diaboliser les médias sociaux. Chaque fois que nous parlons d’une problématique, nous amenons des pistes de solutions. Par exemple, il existe des applications pour limiter votre temps d’écran, des vidéos de conscientisation qui vous invitent à arrêter de scroller… Tout ceci est abordé dans le volet sensibilisation du livret pédagogique qui accompagne la formation. Les réseaux ont un impact sur tout le monde, c’est vrai, mais si on comprend comment ça fonctionne, on peut prendre du recul. Il faut une notice, savoir utiliser pour s’en protéger. » Évidemment, pour contrer le fameux phénomène des bulles d’influence, les formatrices invitent à multiplier les sources d’informations, et aussi à semer la panique dans son algorithme en se forçant à chercher des contenus qui ne nous sont pas proposés : « C’est comme quand il y a une élection : tu reçois les programmes électoraux, tu ne vas pas regarder que celui qui t’intéresse, tu vas aussi voir ce qui se passe à côté pour les comparer. Mais oui, je conçois que c’est une démarche active et qu’il faut être vraiment un bon citoyen pour faire un truc pareil ! ».
Intéressés ?
Les formations données par Sara et Pauline ont commencé et l’équipe du GSARA Bruxelles basée au COOP dans le quartier Cureghem à Anderlecht est en recherche de partenaires et de collaborateurs.